Interview de Partrick Pruniaux, CEO de Girard-Perregaux et d’Ulysse Nardin
Publié le 22 juin 2023 - Coldwell Banker
C’est une Maison de Haute Horlogerie suisse qui allie héritage et innovation. Ulysse Nardin, dont la manufacture est implantée au Locle (Suisse) depuis la fin du 19e siècle, n’en finit pas de nous surprendre.
Après avoir mis au point le tout premier chronomètre de marine en 1846, la Maison a créé des modèles qui se démarquent par leur audace et leur mécanisme ultra-complexe.
Très engagé pour la protection des mers, Ulysse Nardin est le partenaire officiel de la course mythique The Ocean Race.
La Maison Ulysse Nardin existe depuis 1846. L’histoire d’une marque, sa longévité : est-ce un gage de qualité pour votre clientèle ?
Absolument. Il y a une chose qu’on ne peut acheter, c’est le patrimoine et l’héritage d’une Maison. C’est encore plus vrai dans des institutions comme les nôtres dans lesquelles se conjuguent l’artisanat et l’expertise horlogère.
Le modèle Ulysse Nardin qui incarne le plus le luxe ?
La Freak, modèle iconique lancé en 2001, qui est à l’origine du mouvement de l’horlogerie contemporaine. La montre est dépourvue de boîtier, de couronne et d’aiguilles, et son mouvement pilote sur lui-même pour indiquer l’heure.
Le client type Ulysse Nardin que vient chercher votre clientèle ?
Généralement le client Ulysse Nardin est déjà un connaisseur d’horlogerie, un amateur, pas forcément un collectionneur. Il n’en est pas à sa première montre de luxe. Le client qui vient chez nous a été "éduqué", il connaît la haute horlogerie.
La maison Ulysse Nardin représente l’allure et l’audace. Qu’entendez-vous par là ?
Nous sommes une marque dont l’histoire est très forte. En même temps, elle sort des sentiers battus, elle a une vraie liberté dans ses choix. Nous sommes les seuls à avoir osé une montre avec un bracelet en plastique recyclé (modèle Diver).
On peut avoir une histoire plus que centenaire tout en restant à l’avant-garde ?
Évidemment ! Les plus belles marques de luxe vivent avec leur temps, elles ont su s’adapter. Il existe une tension très saine entre la beauté de l’héritage et de l’expertise, et l’innovation. C’est notre défi : apporter de l’innovation fiable.
Avec l’essor des montres connectées, les modèles mécaniques traditionnels sont-ils menacés ?
Absolument pas ! Au contraire, nous avons constaté que cet essor des montres connectées permet de se refamiliariser avec le fait de porter une montre. Dans un deuxième temps, il va naître une volonté de découvrir les montres de luxe plus traditionnelles, comme une sorte de chemin à l’envers.
Investit-on dans la haute horlogerie comme on pourrait investir dans l’immobilier de luxe ?
C’est une bonne question, il y a beaucoup de similitudes… On choisit un bien immobilier pour l’émotion, le rêve qu’il va susciter. C’est un projet de vie. C’est la même chose pour l’horlogerie, dont la valeur patrimoniale est importante et s’inscrit dans le temps.
Votre devise : pour décrocher l’impossible, il faut viser l’impossible.
Oui, nous cherchons toujours à repousser les limites. Nous travaillons quotidiennement sur des innovations majeures concernant les matériaux, mais aussi les nouveaux mouvements mécaniques. Cela fait partie de nos défis à venir.